La charge de benoîte
en Pays Basque
Maite
Lafourcade
Maître de
conférences à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour,
Faculté
pluridisciplinaire de Bayonne, Anglet, Biarritz.
Publié dans
la revue d’études basques Ekaina,
numéro
spécial Les Benoîteries au Pays Basque, 1991.
La benoîte fait partie des particularités de la société
basque, du moins labourdine et navarraise. C’était en quelque sorte la
maîtresse de maison de l’église paroissiale. Alors que dans les paroisses
gasconnes, c’était un homme, un benoît, qui remplissait cette fonction (1), en
Pays Basque, c’était une femme. Il y en avait généralement une par paroisse,
parfois deux, s’il y avait plusieurs églises ou lieux de cultes.
L’origine de cette institution se perd dans la nuit des temps.
Sa plus ancienne mention date du XVIIe siècle. Pierre de Lancre,
dans son "Tableau de l'inconstance des mauvais anges et démons..."
publié en 1612, accusait les benoîtes de se livrer à la débauche avec les
curés.
Au XVIIIe siècle, elle apparaît comme un
personnage essentiel au sein de la communauté villageoise. Elle était au
service des habitants de la paroisse et faisait le lien entre eux. C’était une
sorte de vestale du culte catholique mais aussi païen, car elle protégeait les récoltes.
D’ailleurs, par sa nomination elle relevait à la fois de la communauté des
habitants et de l’Eglise ; et ses attributions consistaient en des tâche
matérielles dans l’église.
I- La benoîte devait
sa nomination à la communauté paroissiale de l’église
Benoîte, 1930 (Iñigo Bernoville) |
Elle était généralement choisie par les maîtres de maison de
la paroisse. Mais ce choix devait être ratifié par l’évêque. Il était suivi d’une
prise de possession «réelle» de la charge.
A- Son choix
Au décès de la benoîte, sa charge était le plus souvent mise
aux enchères par la communauté des habitants, représentée par les maîtres de
maison réunis en assemblée capitulaire. Après trois proclamations par trois
dimanches consécutifs, les candidatures étaient examinées par les maîtres de
maison à l’issue de la messe du dimanche, ou parfois par les seuls magistrats
municipaux, en présence du curé qui participait exceptionnellement à ces débats
desquels il était d’ordinaire exclu. La benoîte était choisie parmi les jeunes
filles de plus de trente ans, originaires du village, célibataires, qui, par
leur bonne vie, mœurs et religion, étaient jugées dignes de cet emploi (2).
L’élue était celle dont la dot était compétitive pour satisfaire à la mise eux
enchères de la charge (3).
Le nombre des candidates et le prix élevé à payer pour obtenir
cet office, prouvent son importance. Le prix variait, à la fin de l’Ancien
Régime, de 600 à 1500
livres selon les lieux, alors que le chiffre moyen des
dots était en Labourd, à la même époque, en milieu rural, de 504 livres . Cette dot,
qualifiée dans les actes «d’aumône dotale», représentait les droits de la
benoîte sur sa maison natale. Mais, alors que les droits des enfants
légitimaires étaient réversibles à leur souche au cas de décès de l’enfant doté
sans postérité, la dot de la benoîte était délivrée «sans espérance de retour»
(4).
Cette dot était partagée entre le curé et la communauté
villageoise (4), et elle était généralement destinée aux réparations et
décorations de l’église.
Dans certaines paroisses où l’église
avait été fondée par le maître d’une maison noble, ses
descendants jouissaient de certains privilèges honorifiques dont celui de
présenter le curé en cas de vacance à l’agrément de l’Evêque et aussi de
participer à la nomination de la benoîte (5), alors que les nobles, en Labourd,
étaient exclus des assemblées paroissiales, sauf à Saint-Pée-sur-Nivelle et à Urrugne. Ce
privilège était exceptionnel en Labourd et n’appartenait qu’aux maîtres de la
maison noble d’Arcangues, aux vicomtes d’Urtubie à Urrugne et à Hendaye (6),
aux seigneurs de saint-Pée-sur-Nivelle, aux seigneurs de la maison de Macaye
dans cette paroisse, aux barons de Lacarre à Larressore et à Halson, et aux
abbés de l’abbaye des Prémontrés à Lahonce et à Urcuit.
En Basse-Navarre où la féodalité
s’était largement implantée, il était plus fréquent (7). Parfois, comme à
Anglet ou Uhart-Cize, le droit de patronage de la cure appartenait au chapitre
de la cathédrale de Bayonne, ou, comme à Hasparren, Béhorleguy,
Saint-Jean-Pied-de-Port, il était partagé entre l’évêque de Bayonne qui en
jouissait de janvier à juin et le chapitre de la cathédrale de juillet à
décembre. A Ayherre, l’évêque
intervenait seul.
Le droit de patronage, comme les
autres privilèges honorifiques dont jouissaient les maisons nobles, faisait
partie intégrante de la maison qui le possédait et était transmis avec elle en
cas de cession entre vifs ou à cause de la mort (8).
Mais que le droit de présentation de
la benoîte appartînt aux maîtres de maison de la paroisse, comme généralement
en Labourd, ou aux descendants du fondateur de l’église paroissiale, ce choix
faisait l’objet d’un contrat rédigé par un notaire entre l’abbé (nom donné au
maire dans les communautés rurales sous l’Ancien régime) qui représentait la
communauté villageoise, assisté ou non de jurats (alias, conseillers
municipaux) et les maîtres de la maison natale
de la benoîte.
Il devait être suivi de la
ratification de ce choix par l’évêque de Bayonne auquel appartenait seul la
nomination définitive. Suivait alors la prise de possession matérielle de sa
charge par la nouvelle benoîte.
B- La prise de possession de la charge
Lehuntzen, andere seroraren hil harria |
La benoîte, comme l’acquéreur au
Moyen Age après un contrat de vente, se transportait en personne sur les lieux,
s’y installait et y faisait des actes de maître. Cette «prise de possession
réelle, matérielle et corporelle» avait lieu au grand jour devant témoins et en
présence du notaire qui en prenait acte (9) La nouvelle benoîte faisait des
gestes rituels et symboliques dans l’église où elle s’agenouillait et
s’asseyait sur le siège qui lui était destiné, dans la sacristie et dans la
petite maison et la jardin qui jouxtaient l’église et le cimetière et qui était
son logement de fonction, appartenant à la communauté : «Elle aurait
ouvert et fermé les portes d’icelle maison, allumé et éteint le feu, et touché
la crémaillère, après quoy nous serions transportés au jardin de ladite maison
où elle aurait aussy pris et jetté une poignée de terre, d’herbes et de
feuilles…» (9)
Cette prise de possession témoigne
de l’archaïsme du droit basque et du caractère fermé de la société. Le
consentement, principe d’origine romano-canonique, qui domine le droit des
obligations depuis le XVIe siècle et selon lequel les obligations
naissent du seul échange de consentement, selon l’adage «solus consensus
obligat» et selon lequel aussi, depuis le XVIIe siècle, le droit de
propriété est transféré par simple consentement, n’avait pas encore pénétré en
Labourd à la veille de la
Révolution. On y trouve le formalisme oral et le symbolisme
du droit médiéval qui exigeait, comme dans les droits primitifs et même en
droit romain classique où la distinction entre les obligations, droits
personnels, et les droits réels était très nette, l’exécution de certaines
formes pour réaliser un transfert du droit de propriété.
Officiellement investie de sa charge
par la communauté des habitants de son village et par l’évêque du diocèse, la
benoîte devait prendre possession de sa charge en accomplissant tous les gestes
qui symbolisaient ses diverses attributions (9).
Andere seroraren hilarri bat, Larzabaleko interpretazio zentroan |
II- La benoîte partageait ses attributions entre l’église et la
communauté villageoise
S’occupant de l’église, elle rendait
des services aux habitants de la paroisse et n’était rétribuée que par eux.
A- Ses fonctions
Les gestes accomplis par Gratianne
Dufau pour prendre possession, en 1778, de la benoîterie d’Arcangues (9), symbolisent
ses attributions : «…dans ladite église où étante elle aurait ouvert et
fermé les portes d’icelle… dans la sacristie… elle aurait aussi vu, visité et
examiné les ornements et les linges qui sy sont trouvés, ensuite elle aurait
fait descendre la lampe d’icelle église, éteint la lumière qui y était, et
après l’avoir rallumée elle aurait fait remonter, après quoy elle aurait donné
quelques coups de balai au sol de ladite église, ensuite ayant donné quelques
coups de cloche et fermé les portes d’icelle église…»
La benoîte, en effet, détenait les clefs de
l’église qu’elle ouvrait et fermait en temps utile. Elle était chargée du
nettoyage, de l’entretien et de la décoration de l’église. C’est elle qui
entretenait le linge et les vêtements sacerdotaux rangés dans la sacristie.
Elle allumait et éteignait les lampes à huile et les cierges.
Lors des cérémonies religieuses,
messes, vêpres, baptêmes, mariages, enterrements, processions ou autres, elle
était la maîtresse de cérémonie, réglant leur déroulement et respectant un rite
traditionnel. Elle distribuait le pain béni à la messe où elle tenait une place
comparable à celle du curé qui distribuait la communion.
Elle présidait notamment aux rites
funéraires. Et il semble, tant son rôle dans le culte des morts revient souvent
dans les actes, qu’elle ait eu, parmi ses importantes fonctions, celui de
veiller les morts qui étaient enterrés dans l’église, encore à la veille de la Révolution (10). Elle rallumait,
lorsqu’elle s’éteignait, la mèche du rouleau de cire qui était placé sur la
sépulture de chaque maison ancienne, devant le jarleku.
Le deuil, retour de l'église, Hasparren. (Vers 1927, A. Calavas, Paris) |
Quand il n’y avait pas de sonneur de
cloche, c’est elle qui sonnait les cloches, notamment à l’occasion du décès d’un
habitant de la paroisse. Elle sonnait la messe, les vêpres, l’angélus…, les
baptêmes, mariages, enterrements et autres cérémonies funéraires.
Elle sonnait les cloches, à la
demande des paysans, pour détourner l’orage ou la grêle. Elle était souvent sollicitée
pour dire des prières pour toutes sortes de causes…. Son prestige était tel
qu’elle était considérée comme ayant des sortes de pouvoirs surnaturels.
Enfin, dans certaines paroisses,
elle était chargée de l’instruction des filles (11). Bien que l’enseignement
primaire ait été rendu obligatoire par la déclaration royale du 13 décembre
1698, peu nombreux étaient en Pays Basque les maîtres d’école. En 1737,
Monseigneur de Bellefont, évêque de Bayonne, constatait l’absence de maître
d’école dans 4 paroisses sur 19. Les maîtresses d’école étaient encore plus
rares : seules deux paroisses, Bidart et Ciboure, en avaient une (12). C’était
donc la benoîte qui se chargeait bénévolement d’apprendre à lire et à écrire,
mais surtout le catéchisme, les prières et les cantiques, aux filles de la
paroisse, auxquelles les parents voulaient bien donner un minimum
d’instruction ; ce qui était rare, les paysans étant hostiles à
l’instruction qu’ils jugeaient inutile (13).
En échange des services qu’elle
rendait à la communauté, la benoîte était logée, et nourrie par les habitants.
Jarleku Bazkazaneko elizan |
B- Sa rétribution
Les revenus de la benoîte variaient
selon l’importance de la paroisse. Mais dans l’ensemble, ils étaient fort
convenables et correspondaient au prix élevé de la charge qui était aussi
lucrative qu’honorifique.
Bien que sa dot lui fût constituée
«sans espérance de retour» et qu’elle fut affectée à l’entretien de l’église,
elle touchait cependant, semble-t-il sa vie durant, les intérêts de la somme
qu’elle avait portée, à moins que la petite somme qu’elle recevait annuellement
de la communauté fut une sorte de rétribution ? Toujours est-il qu’elle
touchait chaque année une petite somme variable selon les paroisses : 75 livres à Anglet, 15 livres pour chacune
des benoîtes d’Hendaye, 30
livres 15 sols à Garro ou Gréciette… Mais la benoîte
n’était pas un agent communal, salariée en tant que tel. Ses revenus étaient
fixes, affectés à sa charge.
La plus grosse part en effet, était
constituée par des gratifications en nature. Chaque maison devait lui donner
une certaine quantité de grain par an. Au moment de la moisson, elle allait de
champ en champ et récoltait, selon les lieux, environ 5 à 6 conques de froment
et 10 à 15 conques de blé d’Inde, nom qui était alors donné au maïs. A Itxassou,
les deux benoîtes recevaient une gerbe de blé ou de millet par maison, soit
environ 12 conques de blé et 16 à 18 de millet chacune. A Louhossoa, la benoîte
ne ramassait que 6 à 7 conques de grain. A Espelette, elle avait environ 12
conques de froment et millet par an, soit environ 30 livres . A Biarritz, «elle
retirait de son employ environ vingt conques de grain que le peuple lui donne à
la récolte…»
De plus, elle touchait un droit
casuel à l’occasion de chaque cérémonie. Chaque messe chantée lui valait des
présents. A Briscous, les deux benoîtes recevaient à cette occasion «un pain de
deux sols, 10 conques de froment et autant de blé d’Inde». A Biarritz,
« elle retirait de son employ», outre les grains que lui donnait chaque
maison lors de la moisson, «pour le moins deux cents livres des mariages,
baptêmes, morts et autres petits droits de l’église». A Lahonce, elle ne recevait
à chaque messe commandée, qu’un pain et un sol. A l’occasion des honneurs
funèbres rendus aux morts, la benoîte de Garro recevait un pain et quelque
offrande, et dix liards à chaque service d’obit, service religieux célébré à la
mémoire d’un défunt, le jour anniversaire de sa mort. Elle recevait quelques
petits présents lorsqu’on lui demandait de sonner les cloches. A Bidart, les
deux benoîtes recevaient «pour la sonnerie des cloches des morts, des grands et
des petits, environ 32 livres» (14). Dans cette dernière paroisse, 53 livres pour soigner
l’horloge et pour la valeur du pain béni qu’elle distribuait au peuple tous les
dimanches (15).
Les benoîtes ont disparu en Iparralde. La
dernière, Marie-Louise Cadiou, originaire de Suhescun, vivait à Bascassan il y a
quelques années à peine. Après un séjour en maison de retraite à Ispoure, elle
est décédée en cette localité le 6 mars 1991, à l’âge de 87 ans. La société
basque évolue, mais elle ne doit pas oublier son passé et a même le devoir de
veiller soigneusement à sa conservation, car c’est lui qui donne son identité à
un peuple.
P. Kauffman, Le jour des morts au Pays Basque, L'Illustration, 3 novembre 1894, Paris. |
(1) Cf. Anne Zink, Pays et paysans gascons sous l’Ancien
régime, Thèse, Lettres Paris I, 1985, 9 vol. dactyl., pp. 786-803.
(2) Cf. article 17, titre II des Ordonnances synodales du
diocèse de Bayonne publiées par Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime
Messire Guillaume d’Arche, évêque de Bayonne, dans un Synode, tenu le 12 mars
1749. Bayonne, 1769.
(3) Ainsi à Biarritz, le 23 mai 1784, la benoîterie,
rendue vacante par le décès de la benoîte, fut adjugée au plus fort enchérisseur :
le sieur Ducourneau, maçon, offrait 500 livres à la communauté, le sieur Guinoy
525, le sieur Castillon 625, le sieur Dalbarade 750 et le sieur Laurent
Dalbarade, potier de terre et maître de Licharte, 835 livres . La
benoîterie fut adjugée à ce dernier. Mais deux jours plus tard, le sieur
Castillon, maître de la maison du Comptou de Biarritz, offrit 935 livres et emporta la
benoîterie. Le 20 juin suivant, le sieur Castilon dotait sa belle-sœur, Marie Bats,
légitimaire de la maison de Comptou de 935 livres qu’il remit,
en partie, au curé de la paroisse et, en partie, à la communauté des habitants
de Biarritz. Marie Bats fut nommée à la benoîterie de l’église Saint-Martin de
Biarritz. Mais le 29 août suivant, le sieur Castillon étant décédé et ses
héritiers ne pouvant payer cette somme, de nouvelles adjudications eurent lieu.
Archives municipales de Biarritz, BB3.
(4) «Nomination de la personne de Gratianne Dufau, fille
de la maison Dolharre du lei d’Arcangues pour benoîte de l’ église de Bassussarry».
Acte du 25 février 1778, Bertrand Planthion, notaire royal à Biarritz, AD-PA,
III E 4784, Annexe.
(5) Ainsi à Arcangues en 1778, le benoîte fut choisie par
l’abbé, nom donné au maire dans les paroisses rurales sous l’Ancien Régime. Les
cinq jurats (équivalents des conseillers municipaux actuels) et Michel
d’Arcangues, écuyer, seigneur de la maison noble d’Arcangues et patron de
l’église d’Arcangues, à la charge de payer aux sieurs abbé et jurats, 1350 livres «pour
aumône dotale, sans espérance de retour, à employer pour la décoration et
nécessités de l’église. Acte du 11 février 1778, Bertrand Planthion, notaire
royal à Biarritz, AD-PA, III E 4784.
(6) «Nominations de Jeanne Etcheverry, cadette de la
maison de Sacrobaita, à la place de la benoîte dans l’église d’Hendaye par
Monsieur le vicomte d’Urtubie. Acte du 25 août 1783, Martin Dornaldeguy,
notaire royal à Urrugne, AD-PA, III E 9903.
(7) Le droit de patronage appartenait au seigneur de
Harriette, à Aincille, au commandeur d’Apat-Ospital, de l’ordre de Saint-Jean
de Jérusalem, pour la chapelle d’Apat-Ospital, située sur le territoire de Saint-Jean-le-Vieux
ainsi qu’à Mendive, Bustince et son église annexe d’Iriberry, aux maîtres des
salles d’Apat de Bussunaritz et d’Etchepare de Sarrasquette, patrons à
Bussunaritz et à Juxu, à l’abbé de l’abbaye des Prémontrés de Lahonce et à
Ispoure aux maîtres de la maison Darieux à Labastide-Clairence, aux maîtres de
la maison noble de Saint-Martin à Lecumberry, aux maîtres de la maison noble de
Belzunce à Méharin, aux maîtres de la maison noble de Garro à Gréciette, aux
maîtres de la maison noble de Lafutsun, barons de Lacarre, vicomte de Saint-Esteben
dans cette paroisse, aux maîtres de la maison d’Echaux à
Saint-Etienne-de-Baigorry, aux vicomtes de Saint-Martin à Saint-Martin-d’Arberoue
et à Suhescun…. Jean-Baptiste Daranatz, Nominations ecclésiastiques du diocèse
de Bayonne, 1778-1788, extrait d’un registre in-folio de 286 pages, Archives de
l’Evêché de Bayonne.
(8) Ainsi, Pierre Diesse, négociant à Hendaye, ayant
acquis des barons de Lacarre, les châteaux de Saint-Martin de Larressore et
d’Uhalde d’Halsou, jouissait de tous les droits qui y étaient attachés,
notamment de celui de désigner la benoîte de Larressore et de Halsou. Acte du 3
janvier 1783, Martin Dornaldeguy, notaire royal à Urrugne, AD-PA, III E 9907.
(9) «Prise de possession de la benoîterie de l’église
paroissiale de Bassussarry par Gratianne Dufau, fille de la maison Dolhare du
lieu d’Arcangues». Acte du 2 mars 1778, Bertrand Planthion, notaire royal à
Biarritz, AD-PA, III E 4784, annexe.
(10) Article de
l’auteur : «La sépulture et le droit basque», in Hil harriak, Actes du
colloque international sur la stèle discoïdale, Musée basque Bayonne, 8-10
juillet 1982, publiés par la
Société des amis du musée basque, 1984, pp. 107-111.
(11) Article 5,
titre IV des ordonnances synodales de Mgr d’Arche : loc-cit.
(12) PV des visites
pastorales de Mgr de Bellefont en 1737 : AD-PA, G 14.
(13) Ainsi à
Biarritz, l’assemblée des maîtres de maison refusa 60 livres d’appointements
au maître d’école, «attendu que la communauté ne se trouve point en état de
faire des libéralités», délibération du 24 avril 1786, AM de Biarritz, GG 16.
(14) Mémoire ou
état du nombre des prêtres, de leurs patrimoines, prébendes, des obits fondés
dans les églises paroissiales, et du nombre de benoîtes : AD-PA, G 159.
Annexe
Nomination de la personne de Gratianne Dufau, fille de la
maison Dolhare du lieu d’Arcanques pour benoîte de l’église de Bassussarry (1).
Bassussarry,
25 février 1778
Ce jourd’hui
vinq-cinquième du mois de février mil sept cent soixante dix huit, après
midy, en la paroisse de Bassussarry pays de Labourt, par devant moy notaire
royal soussigné, présens les témoins bas nommés, ont comparus : Bertrand
Darraidou, maître jeune de la maison Chemetorenia, abbé de la présente paroisse
et communauté de Bassussarry, lequel a dit qu’ayant été présenté dans une
assemblée par luy et la majeure partie des habitants de la présente paroisse
tenue, que l’employe de benoîte de l’église de Saint Barthélemy de cette présente
paroisse étant vacante par le décès d’Etiennette Detcheverry, dernière
titularesse de lad. Benoîterie et qu’il convenait d’en nommer une autre a son
lieu et place, ils auraient à cet effet en présence de Monsieur Maître Bernard
Larreguy, pretre, docteur en théologie et curé du présent lieu, lors d’une
commune et unanime voix nommé et choisy pour Benoîte de ladite église Gratianne
Dufau, fille de la maison Dolhare au lieu d’Arcangues personne reconnue dans
cette paroisse et dans tous ses environs de bonne probité et de bonne vie,
mœurs, religion catholique, apostolique et romaine, aux mêmes honneurs et
droits, prérogatives et émoluements que ladite Detcheverry et les précédentes
Benoîtes en ladite qualité ont accoutumé de jouir et percevoir tant dans ladite
église que dans cette paroisse, à la charge aussy pour elle de son côté de
faire et rendre les mesmes services et devoirs que les précédentes Benoîtes ont
accoutumé de faire et rendre dans les occasions aux habitants de la présente
paroisse, et en cette considération ladite Dufau aurait offrir pour aumone
dotale la somme de six cents livres qu’elle aurait fait promettre de payer dans
le temps que la communauté luy réytérerait la présente nomination par ce
public, et alors meme ledit Sieur Larreguy curé aurait convenu avec ladite
communauté, que ladite somme de six cents livres d’aumone dotale serait
partagée par moitié entre lesdits sieur Larreguy curé et Darraidou abbé, pour
par chacun deux employer ce qui luy reviendra, scavoir le dit sieur curé partie
à se payer de certaines avances qu’il a déjà faites au proffit de ladite église
et le restant aussy à subvenir aux besoins les plus pressants de la même
église ; et que ledit Sieur Darraidou abbé emploira aussy son contingeant
scavoir partie a faire faire les réparations les plus nécessaires qui sont a
faire dans la même église, et l’autre partie au proffit de ladite communauté ainsy
que de tout ce il compte par l’acte de délibération de ladite communauté en
datte du vingtième du présent mois de février. Dans cet état le dit Darraidou
abbé, en exécution de ladite délibération reytérant la susdite nommination, ont
nommé et choisy pour Benoîte de la susdite église la meme Gratianne Dufau icy
presente et acceptante et ce sous les mêmes charges, conditions, prérogatives,
emmoluments et logement cy dessus et à la délibération dudit jour vingtième du
présent mois de février, expliqué, et pour effectuer l’offre qu’elle avait fait
faire audit lieu capitulaire, Arnaud Hirigoyen maître de la maison Dolhare, a
tout présentement compté et payé en argent de cours réellement et d’effet en
présence de moydit notaire et témoins, de ses propres deniers pour ladite Dufau
sa belle-sœur, icelle somme de six cents livres d’aumone dotale, scavoir celle
de trois cens livres audit sieur Larreguy curé, et l’autre tris cens livres
audit sieur Darraidou abbé, en sorte qu’après qu’ils ont retiré devers chacun
la somme leur concernant, ont déclaré s’en tenir pour content et satisfait et
en acquitter tant ledit Hirigoyen que ladite Dufau, promettant de les employer
conformément et ainsy qu’il est porté dans l’acte de délibération dudit jour
vingtième du présent mois de février er afin que ladite Dufau puisse
s’installer en la possession de ladite Benoîterie, tant cellecy que ledit sieur
Darraidou abbé suplient Monseigneur l’Evêque ou en son absence Messieurs ses
grands vicaires d’approuver ladite nommination et de luy en accorder la sienne
à ce nécessaire. Et au moyen dudit payment que ledit Hirigoyen vient de faire
ladite Dufau renonce par ces présents à ne jamais rien demander sur la maison
et biens Dolhare pour raison de ses droits légitimaires ou autrement ; et
au cas qu’elle vienne à obtenir ledit titre elle renonce à pouvoir jamais rien
répetter pour raison de ladite somme de six cents livres d’aumone dotale,
déclarant l’abandonner purement et simplement en faveur de ladite église et de
ladite communauté sans espérance d’aucun retour. Et pour entretenir et exécuter
ce que dessus à peine de tous dépens dommages et intérêts, lesdites parties ont
obligé, affecté et hipotéqué scavoir ledit sieur Larreguy curé tous les biens,
renthes et revenus de ladite église, et ledit Sr. abbé ceux de ladite
communauté, et ladite Dufau les siens propres, présens et avenir qu’ils ont le
tout soumis à toute rigueur de justice a qui la connaissance en appartiendra.
Fait en présence de Maître Martin de Latxalde prêtre et
docteur en théologie, et Sr. Martin Martiquet, maître chirurgien, habitans du
présent lieu, témoins à ce requis, et cy signés avec ledit Sr. Larreguy curé,
ce que n’a fait led. Darraidou abbé ni les autres partis pour ne scavoir écrire,
ainsy qu’ils ont déclaré de se faire interpellés par moy.
Prise de possession dela Benoîterie de l’église
paroissiale de Bassussarry, par Gratianne Dufau, fille de la maison Dolhare du
lieu d’Arcangues.
Sarako alarguntsak Héliogravure extraite du livre de Rodney Gallop Philippe Veyrin: Pays Basques de France et d'Espagne, B. Arthaud, Paris, 1951. |
Prise de possession de
Bassussarrry,
2 mars 1778
Ce jourd’huy deuxième jour du mois de mars mil sept cens soixante dix huit, après midy,
en la paroisse Bassussarry, pays de Labourt, par devant moy Notaire royal et
apostolique soussigné, présens les témoins bas nommés, a comparue :
Gratianne Dufau, fille de la maison Dolhare du lieu d’Arcangues y demeurante,
laquelle a dit que par acte du vingt cinquième du mois de février dernier,
retenu par moy notaire, qu’en conséquence du pouvoir qui luy en avait été donné
par la communauté du présent lieu par ladite délibération du vingtième du même
mois de février, Sr. Bertrand Darraidou abbé de ladite communauté en présence
et de l’agrëement de M. Me Bertrand Larreguy pretre docteur rn
théologie et curé du présent lieu, l’aurait nommée et choisie pour Benoîte de
l’église Saint Barthélémy dudit présent lieu, et s’étant en conséquence pourvue
pour en avoir le titre à ce nécessaire par devant Monseigneur l’Evêque de
Bayonne, en son absence Monsieur Dithurbide l’un de ses vicaires généraux le
luy aurait expédié signé de luy et plus bas par Monseigneur Detcheverry
secrétaire en datte du vingt septième du mois de février, lequel titre ladite
Dufau ayant exhibé à moy notaire requis en même temps de vouloir l’installer en
possession réelle actuelle et corporelle de ladite Benoîterie, Pour y satisfaire
je dit Notaire me suis transporté en compagnie de ladite Gratianne Dufau et des
témoins qui seront cy bas nommés,
En premier lieu dans ladite église ou étante elle aurait
ouvert et fermé les portes d’icelle, ce fait nous serions transporté au siège
ou la benoîte a droit et coutume de s’agenouiller et s’asseoir et y étante elle
sy serait en effet agenouillée et assise, après quoy serions allés dans la
sacristie de ladite église, ou étante elle aurait aussy vu, visité et examiné
les ornements et les linges qui sy sont trouvés, ensuite elle aurait fait
descendre la lampe d’icelle église, éteint la lumière qui y était, et après
l’avoir rallumée elle l’aurait fait remonter, après quoy elle aurait donné
quelques coups de balai au sol de ladite église, ensuite ayant donné quelques
coups de cloches et fermé les portes d’icelle église, serions transportés dans
la maison de la benoîterie et ou les benoîtes ont accoutumé de loger, ou étante
elle aurait aussy ouvert et fermé les portes d’icelle maison allumé et éteint
le feu, et touché la crémaillère, après quoi nous nous serions transportés au
jardin de ladite maison ou elle aurait aussy pris et jetté une poignée de
terre, d’herbes et de feuilles, et tant dans ladite église maison et jardin
fait et observé toutes les formalité et autres actes possessoires et à ce
requis et nécessires, et resté dans ladite église maison et jardin fait et observé
toutes les formalités et autres actes possessoires à ce requis et nécessaires,
et resté tant dans ladite église maison et jardin tout autant de tems que bon
luy a semblé au vu et sçu de tous ceux qui l’ont voulu voir et scavoir sans
aucun contredit opposition ny empechement de personne et le tout en signe d’un
vraye et réelle possession de quoy et de tout ce dessus ladite Gratianne Dufau
a requis a moy Notaire de luy retenir le présent acte de prise de possession ce
que je luy ay octroyé par le jeu de mon office.
Fait en présence dudit Sr. Larreguy curé et de Jean Duhalde,
Sr. de Pipinenia, jurat de la présente parroisse, témoins à ce requis et cy
signés, ce que n’a fait ladite Dufau pour ne scavoir écrire ainsy qu’elle a
déclaré de ce faire interpellé par moy.
(1) Bertrand Planthion, notaire royal à Biarritz, AD-PA
II E 4784.
Les benoîteries du Pays Basque
Les benoîteries actuellement recensées au Pays Basque Nord
sont au nombre de 29, 5 en Labourd, 23 en Basse-Navarre, notamment au Pays de
Mixe, près de Saint-Palais et une en Soule.
En Labourd : Arbonne, Bonloc, Jatxou,
Saint-Pierre-d’Irube et Urcuit.
En Pays de Cize et
vallée d’Ossès :
Ahaxe, Ascarat, Bascassan, Bidarray, Bunus, Bussunaritz, Bustince, Estérençuby,
Lantabat, Lasse, Saint-Michel et
Uhart-Cize.
En Pays de Mixe : Amorots, Domezain-Berraute, Gabat,
Ilharre, Juxue, Labets, Larribar, Masparraute, Oneix, Orègue, Sorhapuru et
Succos.
En Soule : Olhaiby.
Lurdeseko museoan: tresna ezkoa egiteko. |
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